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Richard Bernaer
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_Notes fortes *

Mes notes sur les oiseaux
ou
De la différence de prise de notes des champignons aux oiseaux

Ma démarche vers les oiseaux - et la prise de notes qui s'ensuit - me semblent bien différentes de celles qui m'ont conduit vers les champignons, les plantes et même les insectes (notes scientifiques + tournées vers la poétique).
Elles sont essentiellement esthétiques et métaphysiques.

   - Esthétiques dans la mesure où les oiseaux sont des éléments du paysage et participent du questionnement sur le paysage.
Quelques exemples :
 > Le blanc pur des mouettes et des aigrettes dans les marais fangeux, qui m'entraînent vers cette dialectique du blanc pur, de l'air, de la légèreté, de la plume...et de la vase - cette matière "terre-eau" à la couleur incertaine.
 > Dialectique également présente avec les limicoles - dont les lignes pures du bec, des   pattes, de la silhouette, tranchent avec les limons dans lesquels ils vivent et les êtres mous - vers et mollusques - dont ils se nourrissent.
 (À noter que le terme d' "oiseau limicole" = des limons, traduit bien cette dialectique.)
 >Le blanc et le noir - des mouettes rieuses, des corneilles et corbeaux dans les labours ou  dans les prairies. Ces deux "couleurs"  étant des raretés dans les campagnes, elles ressortent comme des taches.
 > "Le mouvement vol" :
  . Le style de vol de chaque oiseau :
      une bécassine au vol rapide et zigzagant,
      un pic au vol comme "assujetti à des trous d'air",
      un martinet au vol falciforme,
      un faucon crécerelle au vol papillonnant sur place,
      un pigeon ou une tourterelle au vol ramant, appuyé et       rapide,
      un merle au vol "faufilant",
      un étourneau au vol rectiligne,

 . et le mouvement en groupe :
  un essaim d'étourneaux noircit le ciel - ou seulement le ponctue - à une simple inclinaison d'ailes, une escadrille de chevaliers gambettes synchronise sa bande alaire blanche, en rasant les marais.
 > Beaucoup d'oiseaux présentent des couleurs nettes, tranchées, aux contours parfois comme  soulignés à l'encre noire
 - bien différentes des "couleurs matières" des champignons.
 J'ai ressenti pour la première fois cette impression en observant un roitelet mâle à triple bandeau, avec son sourcil blanc, son trait sourcilier noir, sa calotte jaune soulignée d'orange.
 > Les couleurs des oiseaux sont de surface, de reflet - non de luminescence. À cet égard, le  vocabulaire ornithologique est éloquent (il s'est naturellement moulé à la rêverie des couleurs contrastées, vives et de reflet).
 Exemple : description de la sarcelle d'hiver dans Le guide Ornitho :
 "Vue de loin, au vol, apparaît foncée avec courte et large bande blanche sur le milieu de  l'aile. Miroir vert brillant. f nuptial : tête brun-rouge avec côtés verts, zone verte bordée de jaune émail. Côtés du dessous de la queue jaune clair avec bord noir, visibles même à grande  distance."
 Nous l'avons vérifié : le miroir vert de la sarcelle d'hiver "vous jette un éclat vert dans les  yeux", tel un petit miroir espiègle qui jouerait avec le soleil.
 Prise de conscience, grâce aux oiseaux, que les couleurs "n'existent pas en elles-mêmes" mais qu'elles ne sont que des longueurs d'onde réfléchies (ou absorbées).

 > Le paysage sonore
 - qui s'inscrit aussi dans "l'émotion métaphysique" induite par l'avifaune, et qui est à   l'origine de moult noms onomatopéiques d'oiseaux.
  Exemples :
   - la huppe fasciée : onomatopée de son chant ("houp-pou-houp") ;
   - les pipits : idem, onomatopée de leur voix ;
   - les accenteurs : terme auditif, qui vient du latin "accentio" = son appuyé ;
   - les traquets : analogie auditive de la voix de l'oiseau avec le traquet du moulin - ce morceau de bois qui passe à travers la trémie et qui, actionné par une corde, fait tomber le blé sous la meule avec un bruit de choc répétitif ("treck treck") ;
   - les courlis : onomatopée de "leur plainte" ("kou-lîî") ;
   - le râle des genêts : analogie à des bruits respiratoires. Le nom latin de l'oiseau : "Crex crex", est l'exacte réplique de la voix du mâle ;
   - les grues ( "Grus grus" pour la grue cendrée) : onomatopée de leur cri ;
   - les bruants : ce nom vient du verbe bruire ;
   - les corbeaux, corneilles (Corvus...) : mots qui dérivent d'une base indo-européenne "Kor" ou "Ker" = crier...

À noter que les oiseaux offrent des vues paysagères macroscopiques, "réalistes", en relief (aux jumelles et à la longue-vue),

   - Métaphysiques :
 > Les oiseaux participent d'une rêverie de l'air, des hauteurs, de l'ascendance, de la légèreté, du vol, de la plume, de la lumière, du soleil, du sec, de la sonorité, du chant, de la musique...
 à contrario de la rêverie fungique quasi exclusivement ancrée dans l'eau et la terre et où le  son est totalement absent.
 > Omniprésence des oiseaux tout autour de nous - souvent discrète, voire "inaperçue", mais  suffisante et nécessaire pour que s'en dégage un "puissant sentiment de la vie"
 - qu'il s'agisse par exemple des incontournables corneilles et corbeaux à chaque coin de  champ, ou des multiples petits passereaux et autres qui animent le paysage de leurs chants, vols, sautillements, ou encore du merle qui m'a inspiré.


Vendredi 15 décembre 2000
Argenton/Creuse - 12 h 45.
petit cahier n°2, page 6
Aujourd'hui, envie de rester sur les hauteurs (pas envie de descendre dans les bas-fonds de la ville).
Soleil frais.
Mangé sur une marche, en haut de l'escalier désert, près de l'école.
Un merle f est venu picorer les fruits du lierre tout près de moi. Je l'ai observé "voleter-sauter" dans l'épaisseur des feuilles luisantes et comme "rebondir" avec une boule dans le bec. (Je préfère manger un casse-croûte que les fruits du lierre, qui doivent être affreusement astringents !)...
Le merle est revenu avec une merlette. Cette présence est une formidable présence de vie. Je pense, avec un serrement d'angoisse, à l' "idée d'un printemps silencieux"...
Nécessaire signe de vie, que tous ces oiseaux - même si on ne les perçoit que diffusément, syncrétiquement.
Ce merle et cette merlette donnent une âme, à ce lieu désert, au mois de décembre, à cette heure de midi.
Idem le matin quand je sors de la maison à Velles, et que deux ou trois corneilles m'apostrophent du haut du chêne. Ou que je capte un chant d'oiseau, un vol de pigeon, de pic, de mésange...
Nécessaire note de vie...
expression récurrente, qui revient comme une mélodie ancienne... (Je l'ai déjà utilisée pour les papillons

Jeudi 11 avril 2002
Lyon, 5 heures du matin.
petit cahier n°8, page 63
Bien avant l'aube, entre la fin des bruits nocturnes de la rue Pasteur (conversations, vrombissements de moteur, portières claquées) et le début des bruits du matin, (ramassage des poubelles, livraisons, rue qui s'éveille )...
dans cet interstice silencieux d'un petit quart d'heure...
un incroyable et cristallin chant de merle.
Où un merle - où ce merle fou ! - peut-il se nicher dans cette jungle de béton ?
Où peut-il trouver quelque recoin de verdure, de buisson, dans le gris intégral de la rue ?
J'imagine alors - nécessairement pour cette nécessaire note de vie mélodieuse et sauvage - un balcon plus fleuri que les autres, au point de former un minuscule bosquet.
Et mes pensées dérivent... vers cette singulière péniche "jardin flottant" sur les bords du Rhône.

 > Ce "signe de vie" que sont les oiseaux est peut-être, parmi le monde vivant, le signe le plus directement tangible pour les humains.
 Les oiseaux emplissent un espace sonore, un espace de couleurs, un espace de mouvement  aérien et d'agitation gaie. (Leopardi, dans son merveilleux Éloge des oiseaux, leur trouve une gaieté innée - et même une certaine capacité de rire, d'humour - caractères qui selon lui en  font des êtres supérieurs, les plus évolués des animaux et les plus proches de l'homme.)
  Les oiseaux sont donc des "êtres vivants phares" en ce qu'ils sont susceptibles   d'attirer "l'attention sur la vie", d'induire la conscience de la vie dans ses manifestations les plus ténues.
  Dans cette ligne de force des Notes fortes de "l'aiguisement de la conscience de la vie avec l'âge",
 je note :
 Ma mère, hospitalisée à la clinique Sainte-Claire de Vannes, dédaignant toute lecture et  télévision, ne désire rien d'autre, le soir - et ce jusqu'à la tombée de la nuit - que regarder  et écouter les oiseaux par la fenêtre grande ouverte de sa chambre :

 > Certains oiseaux, de par leur silhouette, leur vol, leur cri, leur migration, nous plongent  dans un profond sentiment d'archaïsme.
  Exemples :
    les silhouettes torves, "préhistoriques" des hérons,
    le bruit "de soufflerie" des cygnes tuberculés en vol,
    et surtout les grues cendrées lors de leur migration : leurs cris rauques, qui semblent sourdre du ciel, du brouillard, des ténèbres, nous précipitent dans la nuit des temps.

 > Le chant des oiseaux est intrinsèquement lié au silence - à une certaine qualité du silence
  - témoin en premier chef ce "merle fou" à Lyon, que je n'aurais pu entendre sans  cette interruption d'un quart d'heure des bruits de la nuit, avant le commencement de ceux du matin...
 que je n'aurais pu entendre sans ce silence d'un quart d'heure.
 Pas de chant d'oiseau sans silence. Et aimer le chant des oiseaux conduit à aimer le silence.
 À Velles, quand c'est le temps des rossignols, je n'allume plus radio ni musique durant les deux mois - jours et nuits - que durent leurs chants.
 Leurs gammes complexes, imprévisibles, sans cesse renouvelées, n'en ont jamais fini de me  séduire, de me faire tendre l'oreille et de me plonger dans la méditation.
 Mais l'association "silence-chants d'oiseaux" va plus loin que cela. Elle induit une réflexion sur le silence.
 Le bruit et le silence sont au coeur de notre sensibilité contemporaine
 ...des "angoissés" du silence - qui se droguent de radio, de télé, d'auto-radio, de musique, de  paroles, de bruits de toutes sortes... aux adeptes et défenseurs du silence (peut-être beaucoup moins nombreux ?).
 Je repense, avec empathie, au "non" catégorique de mon fils à l'auto-radio :
 il aime écouter le silence en conduisant, il aime regarder les paysages en silence, il aime rêvasser et réfléchir dans le silence.
 Le silence ouvre à l'univers des bruits subtils, des bruits de la nature, il ouvre au chant des  oiseaux.
 Comment le silence peut-il devenir angoissant ?
 Comment apprivoiser, réapprivoiser le silence ?
 Inverser les mythologies du silence...
 comme celles de la nuit.
     
      En revenant du Morbihan, 5 janvier 2002
      petit cahier n°7, page 9


L'écriture de plein air (de plain-air)
Elle n'est pas celle des cafés, pas celle des gares, ni celle des bibliothèques, encore moins celle de la maison.
Elle est par essence l'écriture de la note - et tout particulièrement de la note au crayon de papier, sur petit cahier, carnet ou
feuille de papier pliée,
car elle doit s'accommoder de multiples conditions, atmosphériques et autres :
 > Froid, pluie, vent, soleil... (la mine de plomb ne craint ni le froid, ni les gouttes d'eau).
 > Position souvent inconfortable - debout ou assis, carnet sur les genoux ou en appui sur quelque objet de fortune.
 > Écriture en manteau, "en écharpe", sans lunettes, sans documentation...
 > Miettes de pain du casse-croûte, canards qui barbotent sur la rivière, tourbillons...
  car il va sans dire, aussi, que l'écriture de plein air se nourrit  quasi exclusivement de l'environnement
  - qui l'imprègne directement de perceptions, de sensations, et indirectement de réflexions existentielles.
     
      Argenton-sur-Creuse, 11 décembre 2000


Besoin de hauteurs
En avançant en âge, j'éprouve un besoin croissant de hauteurs, de sommets, de nids perchés
- où exposer mon corps, mes sens, mon esprit... au vent, à l'air vif, aux panoramas.
À l'inverse, j'aurais tendance à fuir les vallées, les bas-fonds, les nids enfoncés.
Ce besoin m'apparaît d'autant plus aigu aujourd'hui que je suis ballotté par quelque décalage de rythme en ce voyage familial :
Je n'imagine pas une seconde planter nos tentes ailleurs que sur le col en plein vent au milieu des moutons en pleine limpidité de l'air sur le patchwork des verts.
Par une extension de la conscience, en ce moment même, je me reformule que je ne supporte plus les milieux clos, les volets fermés, les rétrécissements, les enserrements, les enfermements...
J'ai besoin d'espace et de hauteur.

      Cader Fawr , Pays de Galles, 29 juillet 1998
      journal 47, page 15

Écologie de haute voltige
Répugnant à tout emploi de poison dans la nature - que ce soit contre les plantes ou les animaux...
mais ne pouvant, par les temps pluvieux qui courent, laisser impunément limaces et  escargots manger mes jeunes pousses de figuiers, vigne, salades...
je pratique le baptême de l'air des escargots et des limaces :
les uns et les autres partent dans une trajectoire courbe d'une vingtaine de mètres...
et atterrissent en douceur dans le lit mouillé des hautes herbes.
      Velles, 17 mai 1999
      feuillets 2, page 31


Les grands espaces céréaliers
Bonheur de rouler dans les grands espaces céréaliers, dans cette beauté blonde et saine, dorée par le couchant, sèche, civilisée
- après l'hostilité des simulies, l'humidité, la boue et le vert saturé de Grande-Bretagne -
... d'onduler à perte de vue dans ces déserts de chaumes, fumant çà et là de la poussière d'une moissonneuse-batteuse.
Besoin d'espace ouvert, de vue embrassante, panoramique
- à l'instar du lièvre et de la perdrix grise, à contrario du lapin de garenne et de la perdrix rouge.
Analogie avec le besoin de hauteur
- comme si, avançant en âge et m'approchant inexorablement de la mort, de la tombe, du pourrissement dans la terre mouillée ...
 mon être tout entier - inclinant vers une claustrophobie naturelle comparable à la presbytie de la quarantaine - se révoltait, se bandait contre les espaces clos, l'enfouissement, l'humidité et la putréfaction.
      Bourgogne, 8 août 1998
      journal 47, page 46

Le galbe des collines
Les paysages vallonneux, collinéens, génèrent un envoûtement qui dépasse de loin le simple sens de la vue :
c'est le corps tout entier qui se propulse dans les sinusoïdes du terrain, ondule.
L'ondulation a ceci de fondamental qu'elle correspond aux mouvements primordiaux de la vie :
les battements du coeur, la respiration, le coït, la danse, le chant...
Dès qu'une ligne, qu'un relief, qu'un son se rythment, se syncopent, ils mettent le corps en branle et l'animent d'un mouvement princeps de la vie.
Mention à l'ondoiement
- qui apporte une connotation d'effleurement, de glissement, de légèreté, de douceur, de moirure, de presque vol.
Je m'élance dans les collines, glisse entre leur flanc comme le long de la rampe d'escalier vernissée et spiralée de l'immeuble cossu de la Montagne Sainte-Geneviève (souvenirs d'enfance  parisienne et rêves récurrents de vol), remonte en crescendo, émerge et jaillis, plonge dans le vide et rebondis en effleurant à peine le sol - tels ces isards qui "se jetèrent" un jour dans un précipice et s'estompèrent en bonds et rebonds suaves comme des oiseaux.
      Dans le train entre Tarare et Lyon,4 juillet 1997
      journal 39, page 8

L'engoulevent
Déambulation crépusculaire, à la quête de l'engoulevent, de la bécasse ou de la chouette de Tengmalm.
Marche étrange, spectrale, de noctambules, sur le plateau de Millevaches, à travers les landes à callune ou les cathédrales de conifères.
Tension du guet, de l'apparition de la bête. Démesurée, envoûtante, voluptueuse
- qui me renvoie à d'autres tensions crépusculaires :
 celle de l'aguet au lièvre ou au cerf en lisière de forêt,
 celle de la touche d'une grosse truite au bout de mon lancer - prolongement de mon corps - dans un impavide lac glaciaire,
 ou encore de la découverte inespérée d'un cortinaire rare avant que ne se pose le voile de la nuit.
 Qu'est-ce qui crée l'énormité de la tension ? La volupté énorme de la tension ?
 Quelques pistes :
- L'anxiété à la tombée de la nuit, dans la nature, n'a rien d'aliénant ni de terrassant. Elle est une anxiété doucereuse, affine à la mélancolie,
 qui s'infiltre en nous comme la matière nocturne.
- L'animal dans son milieu naturel  ( non en cage, en parc, au cinéma... ) est source d'intense  émotion :
  - la bête envahit le milieu, le milieu énormifie la bête, fabrique une atmosphère, nous fait frémir, nous ramène à notre condition d'homme primitif

Engoulevent : mot magique
- de engouler = avaler (grande possibilité d'ouverture de son bec)
- du latin caprimulgus (mulgeo = traire)
 Croyance populaire selon laquelle l'engoulevent "trayait les chèvres".
Engoulevent :
« Nom qui peint assez bien l'oiseau lorsque, les ailes déployées, l'oeil hagard et le gosier ouvert de toute sa largeur, il vole avec
un bourdonnement sourd à la rencontre des insectes, dont il fait sa proie et qu'il semble engouler par aspiration » Buffon. Histoire naturelle des oiseaux.
Goule, goulée, goulette, goulot, goulet, goulûment, gouleyant, engouler, engoulement, Basse-Goulaine, Haute-Goulaine...
Mots magnifiques...
Et les Goulevents ?
Peut-on y greffer les Goulevents ? ...cette bâtisse fantomatique qui tangue dans la brume avec sa cargaison de monstres...
qui engoule ses monstres et tangue dans la brume ?

Marche nocturne...
rêverie mythique...
de l'engoulevent, gris-brun chiné tel un papillon de nuit, vibrissé aux commissures du bec... de son vol chaloupé, de son ronronnement sonore, rapide et dur, continu... de son mystère...
de la bécasse au vol titubant, s'estompant dans le fil de la nuit...
de la chouette de Tengmalm, au faciès perpétuellement étonné...
Marche dans la nuit....
émotion dépassionnée - dédramatisée :
 « Je suis ici - je ne suis pas ailleurs.
  Je suis bien ici - sans le désir d'être ailleurs.
  Je suis totalement bien ici
  - entièrement concentré sur ma chimère d'engoulevent, de bécasse, de chouette de Tengmalm, apaisé, heureux - savourant l'anxiété de la nuit à son juste plaisir, l'expédition nocturne à son juste amusement, à sa juste communion avec les autres,
  le bonheur nyctal à sa juste conscience, à mon juste parcours initiatique d'enfance et d'adolescence
  - avec le cristal d'un projet d'écriture :
  Inverser les mythologies de la nuit ! »
      Meymac, 23 mai 1999
      feuillets 2, page 54





l du même auteur ailleurs sur le site l
_Notes 1991-1998 (n° 4 - novembre 1998)


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