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Glaucis De Morais
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_Fils de pensée *

Démesure, 30/07/1998 ou après. Je commence à penser en grand, du petit au presque sans limites. Un sans limites est un chemin sinueux qui trompe la limite sans la nier. J'avance en faisant. Sans hâte. Je regarde les personnes qui courent de par le monde, et moi je ne suis pas pressée ! J'ai besoin de temps pour réfléchir. C'est ainsi, on avance...ça se tisse, ça vient à la tombée du jour, ça se passe. Il faudra que ça ait dix mètres de long sur un mètre quatre-vingts de large, que ça soit fait avec du cordon plus ou moins gros , c'est pour des amoureux aux gestes larges. Alors , marteau au poing, point zéro, peut-être un début, un centimètre, plus un autre et un autre. Ça c'est difficile, difficile de maintenir le cap. Comment délimiter l'intention et montrer ce que je veux, comme je le perçois ? Plus un. Pour chaque centimètre deux, cent quatre-vingts centimètres, trois cent soixante gestes rapides, plus. Il en faut beaucoup plus pour se maintenir, pour entrer à fond, sinon ça s'échappe. Et si ça s'échappe ? Recommencer. Deux lignes, presque droites, trois cent soixante points, intersections. Il faudra que ça soit enfermé dans le mur, il faudra travailler pendant six heures par jour, tous les jours, pendant deux ans, alors ça sera possible de faire dix mètres sur un mètre quatre-vingts. Et si ça pèse ? Ça peut tomber. Le mur supporte ? Je supporte ? Ce qui restera c'est ce que ça va être. Les premiers noeuds comme test. C'est beau ainsi. Rien que de penser au temps, au travail me désespère, je me fatigue rien qu'en regardant. Je continue, je ne peux pas arrêter. C'est tellement facile d'arrêter. Maintenant un geste sans force, sans brutalité, seulement une répétition, la tête n'arrête pas. D'abord ça attache bien, ça passe par ici, par au-dessus, ça fait le tour, ça va par là, ça reste à la fin. Ça recommence une nouvelle fois. Il faut prendre le fil conducteur. Quel est le fil principal ? J'ai changé le fil. C'est une question d'habileté, faire/défaire/refaire. Mais qu'est-ce que je fais ? C'est facile à voir, il passe par dedans, c'est lui qui crée la structure. Est-ce que j'ai réussi ? Laisse voir. Ainsi ça ne fait pas aussi peur pour faire ce que je fais. Il faut tirer bien. De combien de fils on a besoin ? C'est possible de le faire en entier, d'une seule fois ? Et si je m'embrouille ? Dans ce filet le corps existe et a sa place, points d'intérêt, points de contact. Maintenant je ne perds même pas le fil conducteur. Mes mains brûlent lors de la friction. Le fil court, la sueur coule. J'aime un noeud fermé. C'est plus tendu. C'est égal. C'est différent. Les deux côtés sont beaux. C'est manuel, des sens, c'est le tactile, pensée qui s'écoule. Ça s'enroule sur soi-même. C'est spiral. En passant mon doigt sur le fer je sens un son. C'est comme ces instruments musicaux anciens, je ne sais plus leur nom. J'ai découvert que je suis très sensible à la sonorité des mots. Pour avoir de l'air. Pour être un mouvement fréquent et irréversible. Combien d'étés ? Combien liront ? Pour excéder. Pour être au monde et prolonger le temps. Un travail qui est plus un geste qu'un résultat. Pour être au calme et dormir à loisir. Et quand la fatigue monte, l'intérêt se démonte, penser au poète. Celui du faire. Combien faire est inutile, de la même façon que ne pas faire. Comme lui, faire : (...) faire l'inutile en sachant qu'il est inutile, et en sachant bien que c'est inutile et que son sens ne sera pas même pressenti, faire : parce qu'il est plus difficile que ne pas faire, difficilement on pourra dire avec plus de dédain, ou alors dire plus directement au lecteur personne, que ce fait le fut pour personne. Seulement alors arrêter, rester sans fin.

(traduit du portugais, brésil, par Dominique Boxux)



Linhas de pensamento

Desmedida, 30/07/1998 ou depois. Eu estou começando a pensar grande, do pequeno ao quase sem limites. Um sem limites é um caminho sinuoso que burla o limite sem negá-lo. Eu vou fazendo, sem ter pressa. Eu olho as pessoas correndo pelo mundo, e eu não tenho pressa! Preciso de tempo para refletir. É assim, vai...tecendo, anoitecendo, acontecendo. É para ter dez metros de comprimento por um metro e oitenta centímetros de largura, é para ser feita com barbante mais ou menos grosso, é para amantes de gestos largos. Então, martelo em punho, ponto zero, talvez um início, um centímetro, mais outro e outro. Isto é difícil, é difícil manter o foco. Como cercar a intenção e mostrar aquilo que quero, do jeito que vislumbro? Mais um. Para cada centímetro dois, cento e oitenta centímetros, trezentos e sessenta gestos rápidos, mais. Muito mais é preciso para ficar firme, para entrar fundo, senão escapa. E se escapar? Fazer outra vez. Duas linhas, quase retas, trezentos e sessenta pontos, inserções. É para ficar preso na parede, é para trabalhar durante seis horas por dia, todos os dias, durante dois anos, aí dá para fazer dez metros por um e oitenta. E se pesar? Pode cair. A parede agüenta? Eu agüento? O que sobrar é o que vai ser. Os primeiros nós de teste. Fica bonito assim. Só de pensar no tempo, no trabalho me desespero, canso só de olhar. Continuo, não posso parar. É tão fácil parar. Agora um gesto sem força, sem brutalidade, apenas repetição, a cabeça não pára. É assim, ó. Primeiro prende bem, passa por aqui, por cima, faz a volta, vai para lá, fica no final. Começa outra vez. É preciso pegar o fio condutor. Qual é o fio principal? Eu troquei o fio. É uma questão de habilidade, fazer/desfazer/refazer. Mas o que é que eu estou fazendo? É fácil de ver, ele passa por dentro, é ele que dá estrutura. Será que eu acertei? Deixa eu ver. Assim não dá tanto medo de fazer. Tem que puxar bem. Quantos fios precisaria? Dá para fazer inteiro, de uma vez só? E se eu me enredar? Nessa rede o corpo existe e tem seu lugar, pontos de interesse, pontos de contato. Agora eu nem perco o fio da meada. Minhas mãos queimam no atrito. O fio corre, escorre suor. Eu gosto de um nó fechado. Está mais tenso. É igual. É diferente. Os dois lados estão bonitos. É manual, dos sentidos, é o tátil, pensamento que escoa. Enrola-se sobre si mesmo. É espiral. Ao passar meu dedo sobre o ferro sinto um som. É como aqueles instrumentos musicais antigos, não sei o nome. Descobri que sou muito ligada à sonoridade das palavras. Para ter ar. Para ser movimento freqüente e irreversível. Quantos verões? Quantos lerão? Para exceder. Para estar no mundo e prolongar o tempo. Um trabalho que é mais gesto do que resultado. Para sossegar e dormir com folga. E quando o cansaço forma, o interesse se desmancha, pensar no poeta. Aquele do fazer. Quão inútil é fazer, da mesma forma que não fazer. Como ele, fazer: (...) fazer o inútil sabendo que ele é inútil, e bem sabendo que é inútil e que seu sentido não será sequer pressentido, fazer: por que ele é mais difícil do que não fazer, dificilmente se poderá dizer com mais desdém, ou então dizer mais direto ao leitor ninguém, que o feito o foi para ninguém. Só então parar, ficar sem fim.




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