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André Avril
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_LES CANIVEAUX (extraits) *

RIEN / N'AURA EU LIEU / QUE LE LIEU / EXCEPTÉ / PEUT-ÊTRE / UNE CONSTELLATION




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Que la marche se constitue en cheminement, qu'elle devienne un itinéraire, un parcours, qui, par la fixité de l'image photographique apparaisse comme immobile.

Impressionner le fait pour ponctuer un déplacement, pour ressentir à la vue des photographies que le corps a bougé, qu'un déplacement a eu lieu.

Parfois le mouvement autour de la marche diffère si fortement du rythme de la marche que l'image en est affectée. Même la lumière n'est plus fiable, elle a comme des complaisances envers ces mouvements confus qui la traversent. Elle perd son unité et inscrit des lignes abruptes qui privilégient les contours. Elle perd sa présence. Le regard s'épuise sur les contours, l'espace ne devient plus pour le corps qu'une trajectoire. Le corps perd le sens de la marche.

Le mouvement autour de la marche est le mouvement d'autres corps qui se déplacent pour parcourir une distance, aller d'un point à un autre, selon les besoins et les obligations. Ils ne marchent pas pour parvenir à l'immobilité.

Dans la marche être comme le fil à plomb du pendule de Foucault, pour parvenir à se maintenir dans un présent déjà passant, mais qui peut faire une brève halte. Ce présent se présente comme un retour déjà inscrit en nous et dans l'espace, il est une présence qui ne se voyait plus. Notre corps est lié à l'attraction terrestre mais c'est une chose étrange que d'en faire l'expérience. Une expérience liée à une présence, à une succession de présents, entre lesquels circule une temporalité dont nous ne pouvons pas délimiter les confins. Exploration de ce qui ne se laisse pas achever et qui revient.

Présence extérieure du monde limitée à la répétition d'un même espace. Un monde défini dans ces contours par une même image repliée sur elle même et indéfiniment changeante.

La conscience n'essaye-t-elle pas illusoirement dans la répétition, de maintenir sensible une durée que le corps ne ressent pas ?

Le cadrage a son importance. La prise de vue est aussi une prise d'espace, une manière particulière de contourner un périmètre. Selon le cadrage l'oeil s'attarde plus volontiers. La sensation d'habiter ce bout d'espace circonscrit par un cadrage est plus aigüe et la stabilité apparaît plus évidente.

Je parle des photographies comme je parlerais de sculptures, dans un rapport au corps. Etrange comme au fur et à mesure de la succession des images je recherche une unité et un équilibre, une possibilité de me maintenir droit.



Les prises de vue pour restreindre l'espace de la marche et permettre à l'esprit une tranquillité refusée quotidiennement.

Quand on restreint l'espace dans lequel on se déplace, on contraint l'esprit à une plus grande intériorité, il doit constituer en lui même un espace qui lui manque à l'extérieur.

Restreindre l'expérience de la marche à un même repère pour parvenir à un état de vacuité.

Je ne désire pas photographier, je désire marcher seul, je désire ressentir un état de fatigue, je désire ressentir l'apaisement de la conscience au fur et à mesure du déplacement, je désire ressentir un état vacant en moi, je désire ressentir les changements de lumière au cours de la journée, je désire ne plus parler.

Parfois je ressens la lumière comme une origine pour la marche. Pourquoi ?

Je pense aux nomades qui se déplacent à l'intérieur d'un territoire pour mieux s'y établir. Un déplacement constant qui n'est que la possibilité de parvenir à une immobilité. Le territoire est inscrit dans le mouvement entre les espaces successivement habités.

C'est dans la succession que l'immobilité s'établit et c'est dans la marche que ma propre immobilité se crée. Marcher pour ne pas bouger.

Habiter sans stabiliser, parcourir sans se déplacer, s'immobiliser sans que l'immobilité soit perceptible.

Lorsque la marche ne permet plus un ralentissement, il faut réapprendre à se déplacer. En ponctuant la marche par une succession de prises de vue, j'inscris mon corps dans l'espace.

Ces déambulations m'ont appris à être plus sensible à la lumière. Comme à la surface d'un papier photographique les formes alentour de la marche se forment mieux en moi, elles deviennent plus perceptibles, plus sensibles aussi.

D'où vient ce sentiment de bonheur comme venu de l'enfance, lorsque la lumière semble accompagner la marche ?

La marche comme déconditionnement. Se déconditionner de la stabilité, de la fixité, pour parvenir à ce qui dans la pensée n'est qu'un flux continu. La conscience s'ouvre comme ces fleurs japonaises en papier qui se déploient au contact de l'eau.




Quel est ce mouvement entre les images qui donne une présence à l'espace et aux choses, comme une dilatation des choses et du monde dans un même mouvement ? Préserver ce mouvement dans la succession des prises de vue pour préserver une unité avec le monde comme présence habitable.

Créer des territoires pour habiter cette liaison entre le monde et les choses. Aujourd'hui cette unité ne se donne pas, il faut aller à sa rencontre et la tirer des recouvrements constants qui obstruent la vue et les déplacements.

Je pense au film de Theo Angelopoulos : " l'éternité et un jour " dans lequel un personnage situé face à la mer s'écrit : " très tard " comme s'il disait : " trop tard ". Je crois qu'il faut comprendre : " très tard ", c'est à dire qu'il n'est pas " trop tard ".

Déterminer un territoire sur une carte permet d'assurer la marche d'un contour et d'un horizon où se définissent clairement les points d'appui. Le plan est une manière de dégager l'espace, de l'épurer de tout ce qui l'encombre et qui gène la vue et le déplacement.

Paradoxalement la circonscription de l'espace n'impose pas à la marche une direction, mais inscrit une situation nouvelle à chaque instant.

Un territoire c'est des rencontres avec des lieux, des choses, des surfaces…

La marche prolonge un état de vacuité dans lequel les images toutes faites, dépendantes des mots, laissent la place à une relation plus directe, plus neuve, des sensations et des images. Toute description devient insuffisante. Dans ces états rendus vacants par la marche des sensations inconnues apparaissent que je ne parviens pas à détacher d'images déjà toutes faites qui viennent se superposer à ces sensations nouvelles. Je me contente de faire une description de ces sensations nouvelles en les assimilant à des images existantes et la sensation neuve devient usée et figée.

Ce ne sont pas les images qui m'intéressent mais le mouvement dans lequel elles se prolongent.

Bien à l'abri dans l'état du marcheur.

Le déploiement du corps et de la conscience n'est venu que dans la marche. En même temps, la marche ne crée pas un déplacement du corps mais un replacement. Le corps s'établit en ce qui lui est propre.





Dans la marche, la photographie rend plus sensible la présence du corps. En signifiant son absence dans l'image elle rend plus sensible les écarts entre les images et la succession des immobilités. Les écarts sont la présence du corps, son absence, le lieu de son déploiement, les immobilités de son passage.

Dans la marche, ce qui importe c'est ce à quoi elle donne accès. A quoi donne-t-elle accès ?

La marche ne permet pas seulement une attention alentour de soi mais également en soi.

Marcher dans la succession des photographies, c'est comme inscrire une connaissance nouvelle du monde autour de soi, en avoir une connaissance plus morphologique.

Comment accéder à une structure plus stable du monde alentour qui inscrirait un autre rapport au temps où immobilité et mouvement ne seraient qu'un seul et même événement ?

La succession des photographies permet une fixité qui rend stable du mouvement dans lequel cette fixité se montre ( sans rigidité ).

Comment la succession ( comme rythme ) produit-elle de l'espace et permet d'établir une durée propre au corps ?

La répétition des prises de vue pour bouger avec une lenteur que l'on ne remarque pas.

Il faut dans la marche et la succession des images, que l'espace devienne un territoire et ce territoire un lieu habitable dans lequel le corps peut accéder à la durée qui lui est propre.

Arpenter un territoire pour voir apparaître dans le déplacement le territoire sur lequel depuis longtemps déjà on était en mouvement.

Le rythme de la marche et de la succession des images comme la succession d'un même mouvement susceptible de montrer l'origine du mouvement.

La succession des images peut-elle produire une durée capable de restituer l'expérience de la succession et de la marche ?

Dans la succession des photographies ce sont des fragments qui apparaissent mais chacun de ces fragments porte en lui une totalité.









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